Le projet JUSTICE

Le projet JUSTICE vise à revisiter les questions d’accessibilité intra-urbaine en reliant deux domaines de recherche qui se sont le plus souvent ignorés. Les sciences sociales et spatiales (notamment la sociologie, l’anthropologie, l’aménagement du territoire et les études urbaines) ont premièrement largement discuté du fait que les mobilités concrètes (et donc l’accès à la ville) peuvent être limitées par des inégalités sociales, physiques et sociocognitives dans un contexte où les espaces publics, les systèmes de transport public et les bâtiments ne sont pas conçus pour être pleinement inclusifs. D’autre part, la recherche quantitative en géographie a mesuré et modélisé des modèles d’accessibilité qui ignorent les inégalités susmentionnées, supposant implicitement que l’accessibilité est inclusive.

Le projet JUSTICE s’appuie sur l’idée même que l’accessibilité n’est pas véritablement la même pour toutes et tous, en croisant et en combinant les approches qualitatives et quantitatives. Les modélisations opérées seront ainsi multipliées et affinées pour quatre publics spécifiques sur lesquels pèsent des contraintes de déplacement et d’aménagement urbain : les personnes dotées d’un handicap moteur, les personnes aveugles et malvoyantes, les personnes âgées et les personnes socialement défavorisées. La manière dont les inégalités sociales et les handicaps affectent l’accessibilité sera saisie en impliquant les publics concernés au cœur du projet, tout comme les décideurs politiques.

Les méthodes de modélisation spatio-temporelle utilisées pour mesurer l’accessibilité des transports publics sont dans le cadre du projet complétées par des approches quantitatives et qualitatives permettant de mettre en évidence les obstacles physiques, financiers et sociocognitifs. Il s’agit d’aboutir à la fois à la construction d’un cadre méthodologique co-construit avec les parties prenantes, et à des recommandations incluant des lignes directrices politiques pour aider les villes à inclure les questions de justice spatiale dans leurs stratégies d’inclusivité.


Organisation du projet en workpackages

Le projet s’organise en six « paquets de travail » ou workpackages (WP), y compris la tâche de coordination du projet (WP0).

Une première phase de travail (WP1) avec l’ensemble des partenaires aborde la confrontation de l’état de l’art à l’expérience des représentants de publics spécifiques et des décideurs, à travers une série d’ateliers participatifs. Cette co-construction aboutira à un cadre conceptuel partagé, ainsi qu’à des indicateurs (par exemple, le temps de déplacement, le nombre de lieux accessibles, etc.) utilisés ultérieurement dans le WP3.

Les indicateurs sont sélectionnés en fonction de la disponibilité des données dans les trois villes, définies dans le WP2. Le projet combine en fait plusieurs méthodes et nécessite une base de données importante et diversifiée, ce qui a conduit à la création d’une tâche spécifique transversale de gestion des données spatiales (WP2).

La tâche de calcul d’accessibilité (WP3) articule des données génériques et spécifiques (ascenseurs des stations de transit, âge des passagers…) pour fournir des résultats. Elle se décompose en plusieurs tâches, au regard de la définition large et multiforme de l’accessibilité traitée dans le projet JUSTICE.

Ainsi, dans le WP3.0, nous mesurons la connectivité ainsi que l’accessibilité générique (c’est-à-dire de manière classique, pour la population générale) grâce à la combinaison des approches de modélisation.

Dans le WP3.1, l’accessibilité spécifique des personnes dotées d’un handicap moteur est mesurée en prenant en compte uniquement les infrastructures et les bâtiments qui leurs sont accessibles. Les WP3.2 à 3.4 mesurent de la même manière l’accessibilité spécifique des autres publics spécifiques (personnes aveugles et malvoyantes, personnes âgées, personnes socialement défavorisées). Toutes ces mesures initiales ne représentent cependant qu’une accessibilité dite potentielle.

Afin d’évaluer de manière plus proche de la réalité l’accessibilité des populations spécifiques, des expériences in situ et des groupes de discussion sont menés avec des représentants des quatre publics spécifiques (WP4). C’est la meilleure méthode pour recueillir les sentiments des utilisateurs et suivre leurs barrières sociocognitives spécifiques, notamment celles liées au sexe.

Ces résultats viennent enrichir les mesures d’accessibilité potentielle pour aboutir, dans le cadre d’une deuxième phase des WP3, à des mesures d’accessibilité opérationnelles et spécifiques.

Ces mesures d’accessibilité opérationnelle et spécifique sont comparées à l’accessibilité générique et à l’accessibilité potentielle dans le cadre du WP5. Un cadre méthodologique pour les recommandations prend place sur la base de l’analyse des résultats et des tables rondes avec les parties prenantes. Un cahier de bonnes pratiques sera privilégié plutôt qu’un classement des villes. Il s’agit de mettre en évidence les recommandations pertinentes à l’échelle d’un lieu ou d’un réseau, ainsi que des principes plus généraux à intégrer dans les documents de planification urbaine. Des outils tangibles tels que des applications numériques sont également développés, notamment pour une meilleure prise en charge des populations spécifiques dans les transports publics. Enfin, le partenariat construit avec les principales parties prenantes assure, dans le WP6, une triple diffusion de l’approche et des résultats du projet : orientée vers le grand public, orientée vers la science et orientée vers les parties prenantes.

Consultez la liste des parties prenantes impliquées dans le projet.

Consultez les actualités du projet et les premiers résultats.